Titre / dénomination : Inscription en vieux français
Lieu de production : Tripoli, Liban
Lieu de découverte : Tripoli, Liban
Date / période : XIIIe siècle
Matériaux et techniques : Marbre ; décor gravé
Dimensions : 54 x 60 x 9,5 cm
Ville de conservation : Beyrouth
Lieu de conservation : Direction Générale des Antiquités
Numéro d'inventaire : 871
Découverte en 1928 dans le secteur du port à Tripoli, cette plaque de marbre est constituée de quatre fragments jointifs. Le champ épigraphié est encadré de bandeaux, avec des moulures à l’arrière. Le texte de dix lignes commence par une croix. Tous les mots sont séparés par trois points superposés comme sur les gros d’argent de Tripoli.
Cette inscription est un document important pour l’histoire de la ville de Tripoli à l’époque des Croisés. Le texte nous apprend que Bohémond VI, prince d’Antioche et comte de Tripoli, de 1251 à mai 1267, date de la conquête de la ville par le sultan mamelouk Baybars, fit construire une tour dite « de la Monnaie » en 1267, ou 1268 ou 1269 : la cassure de la plaque a oblitéré le dernier chiffre, et il peut y avoir trois ou quatre « I » après le « V » de la date. L’atelier monétaire n’étant plus utilisable, Bohémond en construisit ou en développa un à Tripoli, ville sur laquelle il régnait en tant que comte (1251-1275). Il fit alors construire une tour, guidé sans doute par le besoin de se protéger contre une éventuelle attaque mamelouk. D’après G. Schlumberger, c’est de là que sont sortis les beaux gros d’argent portant le nom du comte, une croix pattée dans un cadre formé d’angles et d’arcs de cercles et, au revers, celui de la cité de Tripoli. Si seul le titre du comte est indiqué sur ces monnaies, ceci n’impliquerait pas une renonciation de Bohémond à son titre de prince d’Antioche, qu’il revendique d’ailleurs sur cette inscription monumentale.
Cette plaque était sans doute fixée sur un mur pour être exposée au public, mais on ne peut identifier son emplacement car la tour de la Monnaie ainsi que les autres monuments croisés ont été brûlés et démolis, suite à la prise de la ville par les mamelouks. L’usage du lapidaire pour annoncer au public les décrets (1),
les lois, ainsi que les fondations de monuments est une pratique qui remonte à l’Antiquité, et que partagent Orient et Occident. Beaucoup d’inscriptions se trouvent in situ, mais d’autres sont les seuls éléments rescapés de bâtiments à jamais disparus, et leurs seuls témoins.
Transcription :
En non dou Saint Esp[r-]
it IE Belmont par la gr-
ase de Deu prince d’Ant-
ioche conte de Triple (ligne 4)
fist faire seste tor de
la monee de la comuna-
ute des gens de Trip[le]
en l’an de l’incarnasi[on] (ligne 8)
[de no]stre senior II[– – –]
[– – –] MCCLXVI[– – –]
Traduction :
Au nom du Saint-Esprit
Id Est Belmont, par la grâce
De Dieu prince d’Antioche
Comte de Tripoli
Fit faire cette tour de
la monnaie de la communauté
des gens de Tripoli
en l’an de l’incarnation
de notre seigneur II
126...
NOTE
(1) Tripoli, madrasa al-Qartawiya.
Partager l'article :
Écrire commentaire