Une Œuvre, une Histoire : Guillaume de Tyr, Histoire d'Outremer, avec continuation jusqu'en 1275.

« Prise d'Antioche par les croisés en 1097 », Histoire d'Outremer de Guillaume de Tyr, f°49.
« Prise d'Antioche par les croisés en 1097 », Histoire d'Outremer de Guillaume de Tyr, f°49.

Titre / dénomination : Guillaume de Tyr, Histoire d'Outremer, avec continuation jusqu'en 1275

Lieu de production : Saint-Jean d’Acre

Lieu de découverte : L'ouvrage a été donné en 1698 par Melchior Philibert au Collège des Jésuites de Lyon.

Date / période : vers 1280

Matériaux et techniques : Parchemin, Reliure en basane

Dimensions : 381 ff., 303 x 225 mm

Ville de conservation : Lyon

Lieu de conservation : BM

Numéro d'inventaire : ms.828

 

Guillaume archevêque de Tyr (+1186) rédigea en latin une chronique qui retrace l'histoire du royaume latin de Jérusalem  jusqu'en 1184. Une continuation anonyme concernant les évènements des années 1185-1194 fut écrite en Angleterre. L'ouvrage doit son succès à sa traduction en français, élaborée entre 1220 et 1223, et à l'ajout de continuations également en langue vernaculaire allant jusqu'en 1277. Il n'est pas surprenant de constater que la chronique a été souvent copiée à l'endroit même où elle avait vu le jour comme en témoignent les exemplaires relativement nombreux produits à Acre au cours du XIIIe siècle. Gênes, Rome, Venise et surtout Paris contribuèrent également à la diffusion de cette compilation, source essentielle pour l'histoire de la Terre sainte, des croisades et de l'Orient latin.

 

Histoire d'Outremer de Guillaume de Tyr, f°16 r, Acre.
Histoire d'Outremer de Guillaume de Tyr, f°16 r, Acre.

Le texte du ms.828 de la Bibliothèque municipale

de Lyon copié sur deux colonnes est divisé en vingt-trois livres précédés d'autant de petites peintures.

A l'exception de celle du f. 15v (livre II) représentant Godefroy de Bouillon, l'évêque Adhémar du Puy et leurs hommes chevauchant vers la Terre sainte, les autres illustrations sont toutes réparties sur deux registres plus ou moins nettement différenciés. Cette structure qui favorise la narration ne facilite pas la lisibilité de l'ensemble. Décès des rois, couronnement de leurs successeurs, sièges et batailles se succèdent dans des épisodes animés, comportant d'intéressants détails sur les techniques de la guerre comme au f. 33 (livre IV), par exemple. Les scènes sont traitées d'un pinceau assez rapide utilisant une palette vive sur un fond d'or bruni. A l'intérieur des livres, le début des chapitres est rehaussé d'une initiale filigranée tracée à l'encre bleue et rouge. 

 

Ces miniatures sont par leur style et leur iconographie très proches de celles de deux autres exemplaires presque contemporains et également produits à Saint-Jean d'Acre (Paris, BnF, ms. fr.2628 et  Saint-Pétersbourg, BP Saltikov Shchedrin, ms. fr. fol. v.IV.5). L'influence italienne y est présente tant dans une certaine rondeur de l'écriture que dans le style des peintures. Située sur la côte, au sud de Tyr, Acre abritée de puissantes fortifications a joui d'un rapide essor économique grâce à son activité portuaire.

 

C'est sans doute la sécurité alliée à la prospérité qui incita les souverains du royaume latin de Jérusalem à en faire leur résidence de prédilection pendant le XIIe siècle. Siège du Patriarcat de Jérusalem pendant la plupart du siècle allant de 1191 jusqu'à 1291, Acre fut un centre cosmopolite qui favorisa les échanges entre l'Europe septentrionale, l'Italie et le Moyen Orient. L'activité de ses scriptoria est le fidèle reflet de cet éclectisme culturel.

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