Une Œuvre, une Histoire : Astrolabe d’al-Sahlî

Astrolabe d’al-Sahlî
Astrolabe d’al-Sahlî

Titre / dénomination : Astrolabe d’al-Sahlî

Auteur : Ibrâhîm ibn Sa‘îd al-Sahlî

Lieu de production : Espagne, Tolède

Date / période : 1067

Matériaux et techniques : Laiton coulé ; décor gravé

Dimensions : D. 24,2 cm ; Ép. max.1,9 cm

Ville de conservation : Madrid

Lieu de conservation : Museo Arqueológico Nacional

Numéro d'inventaire : Inv. 50762

Inscription :

Sur la partie supérieure de l’envers de la pièce, une inscription indique la date de fabrication « le mois de sha‘bân  de l’an 459 de l’Hégire » (1066-1067 ap. J.C.), ainsi que le lieu de fabrication : Tolède.

Les astrolabes sont des instruments possédant plusieurs fonctions : ils permettent de calculer la position

du soleil et des étoiles, de mesurer des hauteurs et des distances, ils servent de calendrier et d’horloge.

Ils ont aussi été utilisés comme instruments de navigation jusqu’à ce qu’ils soient remplacés par le quadrant. Ils se sont révélés utiles pour mesurer le temps, de jour comme de nuit et pour établir les heures de la prière. Ils ont aussi une application en astrologie, agronomie...

 

Cet instrument est entré dans les collections du Museo Arqueológico Nacional de Madrid en 1867. Il était conservé auparavant par la Biblioteca Nacional de España. Cet astrolabe en forme de planisphère se compose de plusieurs pièces maîtresses : une grille (rete en latin) ou araignée (‘ankabût en arabe) qui porte des indications relatives à vingt quatre étoiles, une alidade, un socle ou « mère » et cinq plateaux correspondant à différentes latitudes (1).

 

L’envers de l’astrolabe porte un calendrier du Zodiaque où l’équinoxe de printemps correspond au milieu du quatorzième jour du mois de mars, et une échelle altimétrique nommée « carré des ombres ». La couronne (kursî en arabe) supérieure de l’astrolabe est reliée à un grand anneau qui permet de suspendre l’instrument lors de son utilisation.

 

Il s’agit du plus ancien astrolabe construit par Ibrâhîm b. Sa‘îd al-Sahlî conservé à ce jour. Une de ses spécificités réside en ce qu’il indique, pour plusieurs villes du monde islamique, la durée des arcs diurnes (temps de présence du soleil au dessus de l’horizon) les plus longs et les plus courts de l’année. Ce type d’indication n’est pas courant sur les astrolabes anciens et ne l’est pas non plus dans le contexte des instruments de mesure utilisés en al-Andalus à cette époque.

 

Cette pièce est représentative des astrolabes andalous, célèbres dès l’époque du califat omeyyade de Cordoue, puis sous les Taifas. C’est à cette période que l’astronomie pratiquée en al-Andalus développe

les spécificités qui la caractérisent jusqu’à la période nasride. L’astrolabe a été transmis à l’Europe via al-Andalus. Il est alors devenu l’instrument le plus fameux du Moyen Âge et de la Renaissance.

 

Ibrâhîm b. Sa‘îd al-Sahlî est associé dans les sources écrites au site de (Castellón de) la Plana. On sait

grâce aux informations rapportées par le cadi Sa‘îd dans son Histoire de la Science qu’il fut un jeune érudit constructeur d’astrolabes à Tolède, et qu’après la mort d’Azarquiel, il continua à travailler, d’abord dans la

capitale du Tage, puis à Valence, et qu’il construisit de nombreux instruments jusqu’à la fin du XIe siècle.

En l’an 1080, il semble qu’il soit déjà installé sur la partie orientale d’al-Andalus puisqu’il réalisa un des premiers globes célestes encore conservé et le dédia au qâ‘id Isa b. Labbûn, gouverneur de Murviedo près

de Sagonte. Ce dernier est mentionné dans la Dajîra d’Ibn Bassam. L’analyse des instruments qu’il a conçus montre qu’al-Sahlî construisait, du moins dans un des cas documentés, plus de plateaux relatifs aux latitudes que la  mère de l’instrument ne pouvait en contenir.

 

Ibrâhîm b. Sa‘îd al-Sahlî fabriqua un autre astrolabe signé de son nom et conservé au Museum of the History of Science d’Oxford. Il fit aussi, en collaboration avec son fils, un globe céleste daté de l’an 478 de l’Hégire, actuellement au Museo di Storia della Scienza de Florence. On lui attribue une autre pièce appartenant à la Bibliothèque nationale de France (2), comparable à la précédente.

NOTE :

 

 (1) 22° (la Mecque), 25° (Médine), 30° (Le Caire,…), 32° (Koufa, Jérusalem, Kairouan, …), 33,10° (Baghdad, Damas, Fès, Tunis, …), 35,30° (Mossoul, Chypre, la Sicile, Ceuta, …), 36,30° (Almería, Algeciras, Harân, …), 37,30° (Séville, Málaga, Grenade,…), 38,20° (Cordoue, Baeza, Murcie, Jaén,…), 39,52° (Tolède, Talavera, Madrid, Calatrava, Cuenca, Guadalajara,…), 41,30° (Saragosse, Calatayud, Daroca, Lérida, Huesca et Barbastro).

(2) Paris, Bibliothèque Nationale de France, Ge A 325.

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