Le règne de Gengis Khan permit à sa tribu de conquérir toute la Mongolie puis la Chine du Nord, le Turkestan, l'Afghanistan et la Perse. Ses ambitions le poussèrent, ainsi que ses fils, vers l'est de l'Europe, et jusqu'aux portes de Vienne (1241).
La Mésopotamie, la Syrie, le califat de Bagdad passèrent
également sous domination mongole. La puissance militaire de ce nouvel empire conduisit les souverains chrétiens, Louis IX en particulier, à entretenir avec lui des relations diplomatiques
cordiales.
Pendant la septième croisade, Louis IX noua ainsi des
contacts avec le souverain mongol, dont il reçut les ambassadeurs en 1248-1249, à Chypre. Le roi de France recherchait alors une aide militaire pour délivrer Jérusalem "des mains des Sarrasins",
mais espérait aussi convertir le khan, que sa tolérance religieuse avait amené à s'entourer de chrétiens nestoriens. Si l'alliance projetée ne se concrétisa pas, les souverains mongols
conservèrent une attitude favorable aux Occidentaux : des missions chrétiennes furent accueillies et des échanges commerciaux s'instaurèrent.
Après l'éclatement de l'immense empire mongol, Philippe le Bel reprit l'initiative du dialogue et envoya des propositions d'alliance par l'intermédiaire d'un moine nestorien à Arghoun, ilkhan de Perse. Celui-ci répondit favorablement à l'invite, qui visait un ennemi commun, les Mamelouks, nouveaux maîtres de l'Egypte, rivaux de l'Ilkhan de Perse et menace pour les principautés chrétiennes de Terre Sainte.
Cette missive fut confiée par Arghoun au Génois Buscarel qui transmit en même temps une lettre destinée au pape, Nicolas IV et une troisième pour le roi d'Angleterre, Edouard Ier. Ces appels restèrent sans effet. Arghoun mourut l'année suivante et son successeur embrassa en 1296 l'Islam, qui demeure la religion des souverains persans. Les contacts se poursuivirent néanmoins, comme en témoignent une lettre de 1305, de l'ilkhan Odjaïtou à Philippe le Bel, et une autre de 1402, de Timour Leng (Tamerlan) à Charles VI, toutes deux conservées aux Archives nationales.
"Par la puissance du Ciel éternel et par l'autorité du
khan ! Voici nos paroles, celles d'Argoun, adressées
au roi de France. L'année passée, tu nous as fait
savoir ceci, par l'entremise de ton ambassadeur
désigné par Mar Bar Sawma : " Si les guerriers de
l'ilkhan se mettaient en campagne en direction de
l'Egypte, nous aussi nous nous mettrions en route et
nous attaquerions ensemble.
" Nous donnons notre adhésion à ce que tu nous as
fait dire. Nous prions le Ciel, et nous partirons en
campagne dans l'année du Tigre (1290), dans
le dernier mois de l'hiver ; et dans le premier du
printemps, au 15e jour, nous tomberons sur le camp
de Damas".
Un grand timbre rouge vient frapper plusieurs des feuillets assemblés pour former le rouleau.
Il s'agit du sceau de l'Empereur (khan) mongol, suzerain du roi de Perse, en caractères chinois, signifiant : " Sceau de celui qui soutient l'Etat et qui donne la paix au peuple.
Original non accessible
(conservé en réserve du musée).
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Ludo (dimanche, 05 octobre 2014 11:28)
Effectivement, les Mamelouks pris en étau entre les mongols à Damas et les francs à l'Ouest, le royaume de l'Outremer aurait pû se relever.
La réponse de Philippe le Bel , celle d'Edouard Ier d'Angleterre reste évasive, alors que la missive détaillée du khan nécessitait une réponse précise pour l'union des forces coalisées.
Source : Histoire des croisades, tome III, p 713, Ed Tempus, de René Grousset
Ludo (dimanche, 05 octobre 2014 11:29)
Correction :
* La réponse de Philippe le Bel est perdue,...