Visite de la Maison d'Arville

Maison d'Arville, vue aérienne.
Maison d'Arville, vue aérienne.

Située dans le Loir-et-Cher à une trentaine de kilomètres

de Vendôme, sur une route de pèlerinage de Saint-Jacques-de-Compostelle, la Maison du Temple se découvre dans un virage à l'entrée du village d'Arville, en venant de Nogent-le-Rotrou. Sa fondation remonte à 1130, grâce à la donation deux ans auparavant d'un domaine de 1000 hectares du vicomte de Châteaudun, Geoffroy III. C'est une des plus anciennes maisons templières et la mieux conservé et la plus complète de France. Cette région assez sauvage, boisée et peu habitée ne semblait guère attractive. Mais

les Templiers ont pris conscience de ses potentialités et se sont appliqués à défricher et mettre en culture leurs terres. Le premier commandeur serait Guillaume d'Arville.

© TEMPLE DE PARIS
© TEMPLE DE PARIS

Dès le XIIe siècle, la Maison est en butte à la jalousie des seigneurs de Mondoubleau et à la méfiance du comte de Vendôme. Au point que celui-ci se livre à des déprédations sur les terres de l'Ordre dans le Loir-et-Cher. Les querelles sont fréquentes avec ses seigneurs. Ils vont même jusqu'à interdire aux Templiers de construire un four banal et d'étaler leurs marchandises. Cela provoque l'intervention de l'abbé de l'abbaye Sainte-Geneviève de Paris (représentant du Pape) qui excommunie le vicomte de Mondoubleau. Pourtant, au départ les Templiers d'Arville bénéficient de la haute protection de l'évêque de Chartres Geoffroy de Lèves et du comte de Blois et Chartres Thibaud le Grand. Le 13 octobre 1307, sous les ordres du prévôt, une troupe de soldats en provenance de Mondoubleau se présente à la poterne de la Maison d'Arville.

Elle procède à l'arrestation des Templiers. Les interrogatoires sous la torture suivent bientôt.

 

En 1312, Arville échoit aux chevaliers de Saint-Jean-de-Jérusalem qui vont la conserver jusqu'à la Révolution. Emery d'Amboise, Premier ministre du roi Louis XII, en est le quarantième commandeur. Vendue comme bien national pendant la Révolution, la commanderie d'Arville est alors morcelée entre plusieurs exploitants agricoles.

Plan de la Maison d'Arville. © Centre d'histoire des Ordres de chevalerie.
Plan de la Maison d'Arville. © Centre d'histoire des Ordres de chevalerie.

Les bâtiments d'Arville conservent aujourd'hui le témoignage des chevaliers du Temple et de Saint-Jean-de-Jérusalem. L'église et le porche d'entrée sont les seules parties médiévales de ce groupe de constructions.

La datation des édifices reste en effet imprécise à cause de leurs transformations successives au cours des siècles.

La façade en pierre de grison est du type clocher-mur ou campanile. Elle ne conserve qu'une cloche, l'autre ayant été fondue à la Révolution. © TEMPLE DE PARIS
La façade en pierre de grison est du type clocher-mur ou campanile. Elle ne conserve qu'une cloche, l'autre ayant été fondue à la Révolution. © TEMPLE DE PARIS

L'église date du XIIe siècle. Elle a été bâtie à l'extérieur de l'enceinte, afin de permettre aux villageois d'y entrer sans passer par la Maison. Sa façade présente un aspect imposant avec son haut arc en plein cintre qui monte jusqu'au clocher-mur. Quatre contreforts rythment la simplicité de la façade à peine percée d'une haute fenêtre en plein cintre et d'une porte surmontée d'un arc en cintre brisé. L'intérieur de l'église est constitué d'une simple nef de quatre travées, terminée par une abside semi-circulaire. Sa sobriété, et même son austérité, sont en accord avec la règle des Templiers. La nef est éclairée par des fenêtres en plein cintre bien ébrasées en bas pour laisser entrer la lumière.

La polychromie architecturale des vitraux est simple. Une croix des Hospitaliers y est reproduite ainsi que le "M" de Marie à laquelle les Templiers vouaient une dévotion particulière. Leur église lui était consacrée. Une belle voûte en chêne du XVIIIe siècle, en forme de carène de navire, recouvre la nef. Les poudres dateraient du XIIe siècle.

 

A gauche de la façade de l'église s'élève une tour de guet percée de deux fenêtres. C'est un vestige de l'enceinte aujourd'hui en grande partie disparue. A côté de cette tour s'élève le logis du commandeur ou presbytère. Edifié au XIXe siècle, il remplace l'ancien logis des Templiers détruit à la Révolution.

Le porche est la partie la plus remarquable de la commanderie avec l'église et la grange dîmière.

Bâti au XIIe siècle, il est flanqué de deux tours du XVe siècle, recouvertes chacune d'un dôme à lanternon.

Le châtelet d'entrée ou porche du XIIe siècle et ses deux tours du XVe ou du début du XVIe siècle. © TEMPLE DE PARIS
Le châtelet d'entrée ou porche du XIIe siècle et ses deux tours du XVe ou du début du XVIe siècle. © TEMPLE DE PARIS

La tour de droite adopte une architecture en forme de damier dans sa partie inférieure, et un appareillage réticulé en losanges dans sa partie supérieure.

 

L'entrée en cintre brisée est surmontée d'un logis éclairé par une fenêtre.

Le mur d'enceinte Templier a été démoli par les Hospitaliers.

D'une hauteur de 5 à 6 mètres environ, il était entouré d'une douve alimentée par le Couëtron, une rivière près du porche.

 

Les bâtiments à pignons et hauts toits à double pente, à gauche du porche, contenaient les écuries qui pouvaient recevoir 50 chevaux destinés aux remontes de cavalerie en Terre Sainte. Ils abritent maintenant le musée du Centre des Ordres de Chevalerie et l'accueil.

La grange aux dîmes. Le châtelet d'entrée ou porche du XIIe siècle et ses deux tours du XVe ou du début du XVIe siècle. © TEMPLE DE PARIS
La grange aux dîmes. © TEMPLE DE PARIS

De l'autre côté de la cour, la grange dîmière est un vaste édifice.

Sa toiture repose sur une belle charpente de châtaignier installée au XVIe siècle. Elle a retrouvé son volume interne d'origine après la démolition d'une maison d'agriculteur qui occupait tout l'espace intérieur. A l'époque des Templiers, la dîme représentait un dixième des récoltes. Un volume très important de denrées agricoles y était engrangé, bien au-delà des besoins de la communauté vivant à Arville. La grange aux dîmes d'Arville met en évidence le rôle de l'exploitation agricole des Maisons destinées à fournir les subsistances et les subsides nécessaires aux maisons templières installées en Terre Sainte.

A gauche de la grange dîmière a été aménagé un jardin médiéval composé de quatre carrés thématiques contenant des plantes qui étaient cultivées au Moyen Âge.

Entre la grange dîmière et la boulangerie, le pigeonnier, cette tour d'un diamètre supérieure à 8 m, la plus importante pas sa position en hauteur, fut autrefois une tour de guet comprise dans l'enceinte templière.

 

A l'époque des Hospitaliers, le rempart fut détruit. La tour transformée en pigeonnier ou colombier, rappelle son rôle économique par rapport à l'exploitation agricole liée à la Maison (apport de nourriture et fourniture d'engrais). La possibilité d'avoir un pigeonnier était au Moyen Âge réservé aux seigneurs détenteurs du droit de haute justice, donc de la peine de mort pour punir les crimes de sang.

 

A l'intérieur, une impressionnante charpente en châtaignier pour l'essentiel avec un peu de chêne sur les côtés, date du XVe XVIe siècle. Ce pigeonnier abrite deux mille "trous de boulin" où pigeons nichaient.

 

A l'extérieur, une corniche se situe à mi-hauteur pour empêcher les nuisibles (rats, mulots) d'entrer et manger les œufs. Jadis, des ouvertures existaient en haut pour laisser passer les pigeons.

 © TEMPLE DE PARIS
Le pigeonnier. © TEMPLE DE PARIS
Charpente en châtaignier et boulins. © TEMPLE DE PARIS
Charpente en châtaignier et boulins. © TEMPLE DE PARIS

A droite du pigeonnier, un bâtiment loge la boulangerie et le four à pain.

A cet endroit se trouvait le four banal des Templiers. En 1205, le droit d'avoir un four banal fut accordé par le seigneur de Mondoubleau aux Templiers. La communauté villageoise était tenue d'utiliser ce four dit banal et elle devait acquitter pour cela une taxe : la banalité ou ban. On cuit de nouveau du pain "à l'ancienne" dans le four restauré en 2000.

L'enseigne de la boulangerie.
L'enseigne de la boulangerie. ©TEMPLE DE PARIS
Le four de la Maison d'Arville.
Le four de la Maison du Temple d'Arville. © TEMPLE DE PARIS
Lors de notre visite, un groupe d'enfants avait confectionné des biscuits.
Lors de notre visite, un groupe d'enfants avait confectionné des biscuits. © TEMPLE DE PARIS

Réputée pour la qualité et la quantité de ses bovins, la Maison d'Arville élevait aussi des chevaux pour la Terre Sainte. Elle servait aussi de centre de recrutement et de formation de chevaliers pour la Terre Sainte

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