Lors de son arrivée au pouvoir (1180-1223), Philippe Auguste
est confronté à la toute-puissance anglaise qui, en France, possède d'immenses territoires, dont la Normandie. La frontière entre ces possessions anglaises et les domaines du roi de France se situe au niveau de la forteresse de Gisors : les armées anglaises y sont cantonnées, menaçant à tout moment d'envahir Paris.
Depuis le début du XIIe siècle, la petite bourgade qui a pris naissance sur l'Île de la Cité est en pleine croissance démographique. Et la situation devient urgente : Philippe Auguste doit partir pour la troisième croisade avec son beau-frère et rival Richard Cœur de Lion, sur demande du pape. Mais auparavant,
il doit s'assurer que les villes de son royaume seront entourées de puissantes murailles afin de les protéger contre d'éventuelles incursions anglaises.
Naissance du Louvre
C'est ainsi qu'en 1190, il ordonne de faire construire une enceinte défensive autour de Paris.
Les quartiers de la rive droite, du Marais à la rue Saint-Denis en passant par les paroisses de Saint-Germain l'Auxerrois et Sainte-Opportune, sont les premiers cernés.. La muraille, haute de neuf mètres sur trois mètres de large, est longue de trois kilomètres et comporte des tours rondes tous les soixante mètres. Du côté de la Seine, l'enceinte doit être renforcée par une grande forteresse, censée empêcher les attaques à l'ouest au niveau du fleuve. Commencée en 1190,
la Grosse Tour du Louvre est achevée en 1202. Sa position lui permet de surveiller directement les deux voies d'accès qui arrivent de Normandie : non seulement la Seine, mais aussi la grande route, aujourd'hui la rue Saint-Honoré. A cette époque, le Louvre n'est pas la demeure officielle du roi, qui reste le palais de la Cité (l'actuelle conciergerie). Par la suite, la Grosse Tour connaît des transformations : ainsi en 1230, Saint-Louis aménage la grande salle du château.
Les historiens ignorent toujours la signification du nom Louvre. Parmi toutes leurs propositions, ils ont pensé que celui-ci tirait son origine du latin lupus, "loup", évoquant la chasse au loup, ou bien du mot saxon lower, qui signifie "forteresse", mais la question n'est pas encore tranchée…
La Grosse Tour, symbole du pouvoir monarchique
Le plus ancien document témoignant du donjon du Louvre se trouve dans le premier budget de la monarchie française (1202-1203). Son érection a nécessité une nombreuse main-d'œuvre ainsi que des travaux longs et coûteux. Cette imposante tour ronde, en calcaire de Paris, était entourée d'un fossé circulaire d'une largeur moyenne de 7,50 mètres et profond d'autant. Le fond de ce fossé sec était recouvert d'un dallage soigneux, composé de grosses pierres irrégulières. On franchissait le fossé par un simple pont-levis qui donnait accès au donjon. Le socle de cet édifice mesurait à sa base un diamètre de plus de 15 mètres. Le donjon s'élevait à 31 mètres du sol et était recouvert d'un toit conique surmontant des mâchicoulis. La forteresse passait pour inexpugnable car un puits et une grande citerne rectangulaire lui assuraient une parfaite autonomie.
Autour, se dressait un quadrilatère de 78 mètres sur 72, ceint de dix tours situées aux angles et au milieu des côtés, entouré de fossés d'eau. Deux portes en assuraient l'accès. A l'origine, la destination de la Grosse Tour était purement militaire priorité fut donnée à l'arsenal et aux hommes d'armes. Mais comme c'était un lieu particulièrement sûr, on y enferma des prisonniers de marque, comme Ferrand, le comte de Flandre, battu et capturé à la bataille de Bouvines en 1214.
Il y resta treize ans… Des logements médiévaux du Louvre dans la Grosse Tour,
il subsiste la Salle Basse, dite aujourd'hui Saint-Louis.
Notre connaissance du Louvre de Philippe Auguste, qui se situe au sud-ouest de l'actuelle cour Carrée, a beaucoup progressé grâce aux fouilles menées de 1984 à 1986 par Michel Fleury et Venceslas Kruta.
A la suite de cette opération, les soubassements du château fort, recouverts par une dalle, ont été aménagés en crypte archéologique accessible aux visiteurs du Louvre.
Ces vestiges impressionnants donnent une idée de la qualité de ce monument défensif élevé à la fin du XIIe siècle.
En 1986, le journal télévisé d'Antenne 2 présente quelques images des vestiges du Louvre médiéval à l'occasion
de sa restauration. Michel Fleury, directeur des fouilles de la cour Carrée nous rappelle le rôle symbolique de la Grosse Tour.
Le Louvre médiéval témoigne des 44 années de règne du roi Philippe Auguste (1179 à 1223), qui,
en choisissant Paris comme capitale, symbolise son pouvoir avec la construction du château du Louvre,
à partir de 1190.
Aujourd'hui en visitant le Louvre, vous pouvez circuler dans les fossés de l'ancienne forteresse médiévale, contourner la base du donjon et atteindre la salle basse, dite "Saint-Louis".
SALLE SAINT LOUIS – MUSÉE DU LOUVRE
Cette salle est l’unique vestige du corps de logis du Louvre médiéval. Construite vers 1200 sous Philippe Auguste, la salle est par la suite voûtée d’ogives, vers 1230-1240 d’après le style des motifs sculptés de la colonne centrale et les têtes grimaçantes qui ornent les retombées des voûtes, sur les murs. Ces sculptures contemporaines du règne de Saint Louis sont à l’origine de l’appellation actuelle de la salle.
Trois époques s’enchevêtrent ici : les murs datent de Philippe Auguste (1180-1223) ; les voûtes, aujourd’hui détruites, et leurs supports de Saint Louis (1226-1270) ; quant aux puissantes arcades qui occupent un tiers de la superficie, elles remontent au XVIe siècle.
Salle basse à l’origine et en partie creusée dans le sol, cette pièce, aujourd’hui aveugle, était autrefois éclairée par des fenêtres percées au sommet des murs.
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