Historique
Trouvée à Acre par la mission Clermont-Ganneau.
Attribuée au département des Sculptures du musée du Louvre en 1890. Déposée au musée de Cluny en 1914 et inventoriée à cette date.
Commentaire
Dans cette dalle rectangulaire se trouvent, sur une face, l’inscription funéraire et, au revers, un décor en bas relief formé d’une croix pattée entourée de rosaces et de fleurons. Ce décor, beaucoup plus ancien, montre que cette épitaphe est en fait le remploi d’une barrière de chancel du IVe siècle.
En cela, elle est un témoignage supplémentaire de la pratique consistant à remployer, pour des monuments funéraires, des monuments antiques sans pour autant mettre en avant cette ancienneté.
Autre élément intéressant de l’inscription, sa disposition. Le début du texte (jusqu’à « :IVE: »), est travaillé en belle onciale, surmontant l’écu à trois bandes du défunt. Ce n’est que dans un deuxième temps qu’un second graveur, écrivant dans une onciale moins maîtrisée, vint ajouter la seconde partie du texte, moins ordonnée et disposée avec difficulté de part et d’autre de l’écu.
On a là un intéressant témoignage de la modification d’un monument funéraire pour permettre de commémorer un second défunt, mais aussi, au vu de la date des deux décès, un moyen certain de dater la réalisation de la première inscription, entre juin 1278, date de la mort de Gautier Meinneabeuf, et le 22 août, jour où mourut son épouse.
Inscription
ICI:GIST:SIRE:GAUTI/
ER:MEINNE:ABEUF:/
QUI:TRESPASA:AN:/
LAN:DE:LINCARNA/
ACION:NOTRE:SEIG
GN[O]R:IHV:CRIT:Mo:CCo:
LXX:VIII:AXX:IORS:DE:/
:IVE:/
E SCESPOUSE MA/
DAME ALEMANE QUI/
TRESPASA A XXII IORS/
DOU MOIS DAOUST
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Poisson (vendredi, 24 octobre 2014 18:04)
Je me permets d'ajouter quelques corrections et un commentaire à la transcription de l'inscription :
- la 6e ligne commence par GN[O]R : IH[ES]V (le O est placé en exposant et le mot suivant porte un tilde d'abréviation)
- à la 10e ligne : ALEMAN[N]E (un tilde signale la consonne redoublée)
- à la 11e ligne : XXIII (par manque de place le 3e I a été placé au-dessus)
La première inscription est peut-être réalisée dans une onciale "bien maîtrisée", mais comporte plusieurs maladresses du lapicide : à la quatrième ligne un signe intercalaire (:) au milieu du mot INCARNATION, et à la fin une lettre ratée (un M maladroitement transformé en A ?), à la 6e ligne : redoublement fautif du G. La seconde inscription, en plus des maladresses que vous signalez, présente à la 3e ligne une lettre ratée : un C maladroitement transformé en I dans XXIII. S'il s'agit bien de deux lapicides différents (ce que semble montrer la différence de forme des lettres), cela démontre le faible niveau des techniciens de l'épigraphie dans les Etats latins d'Orient.