Le dernier livre d'un grand historien.
Jacques Hers, professeur honoraire à la Sorbonne Paris IV est décédé en janvier 2013.
Le mot « croisade » est un anachronisme puisqu'il apparaît discrètement au XIIIe siècle et ne prend son sens actuel qu'au XIXe siècle. Les contemporains ne se voyaient pas comme des croisés, et leurs motivations étaient différentes de celles que nous leur prêtons.
La première croisade, prêchée par le pape Urbain II au concile de Clermont en 1095, est avant tout un pèlerinage en Terre sainte, mêlant à des chevaliers une multitude de pèlerins, hommes, femmes
et enfants. En 1096-1097, ils ont parcouru ensemble plus de mille kilomètres pour atteindre Constantinople et y trouver quelques jours de repos, puis autant en Asie avant de voir les murailles de
Jérusalem, plus de trois ans après leur départ, et de s’en emparer. Nous n’avons pas assez dit à quel point cette Terre sainte redevenue chrétienne a mobilisé les forces, l’énergie et l’argent de
l’Occident. Chaque année, plusieurs flottes de grosses galères et de navires d’Italie, de Provence et de Catalogne apportaient des milliers de pèlerins qui, bien souvent, se battaient aux côtés
de chevaliers et des hommes de pied ou aidaient à la construction des châteaux.
Trois rois de France, Louis VIII, Philippe Auguste et Saint Louis, ainsi que trois empereurs germaniques, ont abandonné leur pays pendant de longs mois pour apporter aide aux Francs de Terre sainte et tenter de regagner les territoires repris par l’ennemi. Philippe Auguste est demeuré absent du 4 juillet 1090 à fin août 1091 et Saint Louis pendant plus de cinq ans. Richard Cœur de Lion fut retenu prisonnier sur le chemin du retour par Léopold d’Autriche pendant près de deux ans et eut bien du mal à reprendre le pouvoir. L’empereur Frédéric Barberousse s’est noyé le 10 juin 1090 en voulant passer à cheval un fleuve dans les montagnes du Taurus, et Frédéric II, vainqueur du sultan Malik al-Kamel, s’est fait couronner roi de Jérusalem le 18 mars 1229.
Au fil du temps, les enjeux et les motifs des croisades deviennent de plus
en plus complexes, croisant motivations religieuses, politiques, économiques et idéologiques.
Ces huit expéditions, qui se sont déroulées pendant deux siècles, dessinent au final l'histoire de l'Empire latin de Constantinople et du royaume latin de Jérusalem. Histoire tragique, puisque le premier disparaît en 1261 et le second en 1295. La mort de Saint Louis, au terme de la huitième croisade, sonne le glas de ces entreprises. Avec lui meurt l'« esprit » de croisade.
Une synthèse particulièrement brillante par un auteur non conformiste.
Auteur : Jacques HEERS
Éditeur : Perrin
336 pages
Prix : 22€
Date de parution : 20 février 2014
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