Une poignée de chevaliers, emmenés par un certain Hugues de Payns et désireux de s’investir dans la défense des Lieux saints de Palestine, allait donner naissance aux Templiers au cours de l’année 1120.
D’abord organisée dans le cadre d’une confrérie de chevaliers laïques, la fondation fut reconnue par le patriarche de Jérusalem, reçut comme siège un édifice supposé être l’ancien temple de Salomon, avant d’obtenir sa règle au concile de Troyes en 1129. Ce processus jeta les bases d’une institution entièrement inédite au sein de l’Église, celle de l’ordre religieux-militaire.
Durant près de deux siècles, l’action du Temple fut indissociable de l’histoire même des croisades, tandis qu’un dense réseau de commanderies, en Occident même, joua un rôle majeur dans les transformations économiques et les pratiques spirituelles. Aussi, ni l’échec des croisades ni même quelques critiques ne laissèrent présager les événements incroyables qui emportèrent l’ordre entre 1307 et 1312.
La publicité donnée à son procès dans le royaume de France, les accusations stupéfiantes portées contre les frères et la fin tragique d’un certain nombre d’entre eux ont suffi à fonder un mythe
qui, aujourd’hui encore, continue d’alimenter l’imaginaire. Pourtant, si les ouvrages de vulgarisation facile et le sottisier ésotérique représentent toujours un bon filon commercial, l’approche
scientifique de l’ordre du Temple a connu de profonds renouvellements depuis la fin des années 1980.
Hors-série N° 41 - décembre 2014
Disponible en kiosque
Prix : 8,50 €
SOMMAIRE
L'ordre du Temple en question
CARRAZ Damien
L’ordre du Temple a exercé une telle fascination depuis le XIXe siècle, tant auprès du grand public que de certains cercles érudits, que son histoire s’est longtemps écrite en marge des institutions académiques.
Hugues de Payns et les débuts du Temple en France
LEROY Thierry
Moins d’une dizaine d’années après avoir posé les bases d’une nouvelle confrérie de chevaliers à Jérusalem, Hugues de Payns et cinq de ses frères revinrent en Occident à la fin de l’année 1127. Le but du fondateur était de réunir un concile qui doterait sa jeune institution d’une règle, lui donnerait l’appui de la noblesse laïque et du haut clergé et, enfin, l’aiderait à recruter des combattants pour la Terre sainte. L’année qui précéda le concile de Troyes, tenu en janvier 1129, fut consacrée à la mise en place d’un ensemble de possessions susceptible de servir de base arrière au développement de l’action des Templiers en Orient.
Nouvelles perspectives sur l'ordre du Temple
CHEVALIER Marie-Anna
L’histoire des ordres religieux-militaires, et en particulier celle de l’ordre du Temple, a connu un remarquable regain d’intérêt de la part des historiens depuis une vingtaine d’années. Leurs travaux ont permis le renouvellement des perspectives sur ces institutions atypiques par des approches inédites et la découverte d’éléments nouveaux sur les enjeux politiques, économiques et sociaux liés à leur présence en Méditerranée orientale.
Châteaux templiers de l'Orient latin
PRINGLE Denys
Une trentaine d’années seulement après la prise de Jérusalem par les croisés, les Templiers recevaient leurs premières fortifications afin de contribuer à la défense des États latins qui s’étaient formés à la suite de la première croisade, du royaume de Jérusalem, au sud, à la Cilicie arménienne au nord. Aujourd’hui les vestiges de ces constructions constituent une précieuse source d’information, non seulement sur la protection des territoires chrétiens d’Orient pendant plus d’un siècle et demi, mais également sur la vie quotidienne des chevaliers qui y tenaient garnison.
Pratiques religieuses et spiritualité des Templiers
SCHENK Jochen
Dans l’imaginaire collectif, les Templiers sont surtout célèbres pour les combats héroïques qu’ils menèrent contre les ennemis musulmans dans l’Orient latin et pour les accusations d’hérésie qui, en 1312, ont conduit à leur fin peu glorieuse. Mais on comprendrait mal l’abnégation des frères sur les champs de bataille ou même l’énormité des charges portées contre eux lors du procès sans remonter aux fondements spirituels de l’ordre et à son enracinement religieux, tant en Orient qu’en Occident.
Les sceaux de l'ordre du Temple
BAUDIN Arnaud
Connu depuis la haute Antiquité, le sceau est adopté comme outil de validation par l’ensemble de la société médiévale, et notamment les milieux monastiques, entre le XIe et le XIIIe siècle. L’empreinte de cire, apposée au bas d’une charte par l’impression d’une matrice, engage son titulaire et garantit l’intégrité du contenu. Au sein d’une commanderie templière, seul le supérieur est en mesure de sceller en tant que représentant de la communauté, laquelle peut aussi être pourvue d’un sceau. Sauf rares exceptions, les frères, qui ont abandonné leur capacité juridique en revêtant l’habit de l’ordre, ne peuvent posséder de matrice propre. Au-delà de cet usage purement juridique et diplomatique, le sceau est le principal outil de communication du monde médiéval. Formé autour d’une iconographie synthétique, il proclame l’identité du sigillant et véhicule l’image emblématique au moyen de laquelle il souhaite être reconnu.
Topographie et architecture des commanderies templières
MATTALIA Yoan
Depuis quelques années, de nombreuses recherches entreprises sur les Templiers installés dans le Midi de la France ont considérablement renouvelé nos connaissances sur l’habitat de ces communautés religieuses. Il est qualifié dans la documentation écrite par le terme de domus, « maison ». Il désigne à la fois l’institution religieuse et, par métonymie, le lieu de vie des frères. L’articulation entre les deux contribue à forger un pan de l’identité de l’ordre du Temple.
Les décors peints dans les chapelles templières en France
CARRAZ Damien
Si l’architecture religieuse des Templiers a suscité nombre de travaux depuis Eugène Viollet-le-Duc, on a longtemps oublié que la plupart des chapelles attachées aux commanderies avaient également été recouvertes de décors peints. Certes, les scènes de batailles représentées dans la chapelle de Cressac, en Charente, sont célèbres à juste titre. Mais, à côté de rares sites emblématiques, combien de lieux de culte étaient tombés dans l’oubli et livrés aux dégradations du temps et des hommes ? Les redécouvertes de ces deux dernières décennies, et les renouvellements des questionnements sur la place de l’image au Moyen Âge, permettent de nourrir de nouvelles réflexions sur la spiritualité des Templiers.
Le procès du Temple
THÉRY Julien
Aux origines d'un engouement historique
JOSSERAND Philippe
Les Templiers, dans toute l’Europe – et parfois bien au-delà –, continuent de fasciner. Le Moyen Âge, la chevalerie, les armes et les châteaux forts font fureur auprès du public. En France, plus
qu’ailleurs peut-être, la fiction s’est largement emparée du souvenir des frères du Temple. Déjà, en 1805, François-Just-Marie Raynouard avait créé au Théâtre français une tragédie Les Templiers,
centrée autour du procès et de la figure de Jacques de Molay : traduite en différentes langues, elle fut publiée dans une version révisée dix ans plus tard et fit l’objet tout au long du XIXe
siècle de constantes rééditions. Depuis lors, on estime que le Temple, en France, est apparu, sous des jours très différents, dans plus de trois cents œuvres de fiction. Le roman, le cinéma et la
télévision, plus récemment la bande dessinée et les jeux vidéo, ont les uns et les autres servis cet extraordinaire engouement.
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BASSIMONT Nicole (mercredi, 21 janvier 2015 20:14)
J' ai bien aimé cette publication