Les chevaliers Catalans du XIIIe au début du XVe siècle
Étude archéologique
par Sylvain Vondra
Le chevalier médiéval, dans la tradition populaire, est souvent représenté vêtu d’une armure de fer, brandissant une épée conquérante et monté sur un destrier galopant à travers des champs de bataille.
Représentations souvent peu fiables, voire fantasmagoriques. Grâce aux recherches historiques ou archéologiques effectuées depuis quelques années, il est enfin possible de reconsidérer ce portrait d’un combattant souvent décrit comme peu raffiné, brutal, sanguinaire.
La chronique a retenu les noms de quelques « chevaliers brigands » affichant un caractère indépendant et turbulent, mais la plupart ne sont connus que par une vague mention issue d’une charte ou d’un cartulaire. L’Église leur inculquait la peur du purgatoire et les incitait au rachat de leur âme par vœux de pèlerinage ou donations aux monastères. C’est par ces donations que certains chevaliers voyaient le moyen d’élire sépulture dans ces lieux consacrés et d’y faire édifier des monuments funéraires.
Au Moyen Âge, l’homme noble endossait fièrement l’armure pour la parade, le tournoi ou la guerre.
C’était un signe de pouvoir qui marquait la place du personnage dans l’ordre hiérarchique, raison pour laquelle elle figure souvent sur les sceaux ou les monuments funéraires. Ces derniers – les deux principales sources de cette recherche – sont présents en grand nombre sur l’aire géographique de la Catalogne. Grâce à ses alliances et ses conquêtes, la Catalogne, aujourd’hui à cheval sur le Sud de la France et le Nord-Est de l’Espagne, a rayonné sur tout le bassin méditerranéen durant la période médiévale. Elle présente une importante concentration de gisants qui révèlent les influences venues de pays avec lesquels les liens commerciaux et stylistiques sont indéniables. Celles venues de Grande-Bretagne se perçoivent dans les positions de certains personnages, et celles de l’Orient par les motifs sur les étoffes des costumes figurés. La minutie d’exécution de certaines de ces œuvres apporte une richesse d’information incomparable pour l’étude de l’armure portée par le milieu aristocratique dans l’entourage des comtes de Barcelone – certains d’entre eux deviendront rois de Majorque.
Quant aux sceaux, si petits soient-ils, ils montrent des guerriers en tenue complète et cela dès le XIIe siècle, donc bien avant l’apparition des premiers gisants. Et leur apport va plus loin encore puisqu’ils affichent presque toujours les protections de tête et permettent d’avoir un aperçu général de l’équipement équestre, éléments souvent absents dans la sculpture funéraire.
Les données ainsi recueillies permettent de mieux appréhender quels types d’armures revêtaient les chevaliers et avec quelles armes ils aimaient se faire représenter. Par l’analyse détaillée de chaque pièce d’armement, il est possible d’en présenter la morphologie, ainsi que la fonction, puis, grâce à un classement chronologique, leur évolution laisse paraître un besoin de protection de plus en plus développé face à l’efficacité grandissante des armes offensives.
Comme dans le reste de l’Europe médiévale, l’armement des chevaliers catalans affiche deux valeurs principales. Tout d’abord la fonction guerrière, rappelant le statut de soldat, tandis que la seconde est plutôt le reflet symbolique du pouvoir, de la hiérarchie et de la puissance.
Le résultat de sept années de recherche menées par Sylvain Vondra est rassemblé dans cet ouvrage très bien documenté et superbement illustré.
• L'auteur •
Archéologue à l'Inrap en région Méditerranée, chercheur
associé au LA3M UMR 7298 d’Aix-en-Provence, Sylvain Vondra est ancien élève de l’École du Louvre et de l’EHESS Paris IV. Intéressé par l’implantation franque au Proche-Orient à l’époque des
Croisades, il a participé à plusieurs campagnes de fouilles en Syrie, Jordanie et Chypre. Depuis les années 2000, il se spécialise dans l’étude des armes et des armures médiévales à travers les
monuments funéraires. Après avoir visité les monuments de Catalogne, il s’est lancé dans une prospection inventaire sur tout le territoire français.
Éditeur : Nouvelles Éditions Loubatières
256 pages, 180 illustrations
Broché
Prix : 50 €
À paraître le 28 octobre 2015
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