Sous l’influence des ordres mendiants, et plus précisément de saint François d’Assise,
Louis IX préfère la diplomatie à la guerre et, surtout, conçoit ses rapports avec les rois « païens » non plus sous l’angle d’un affrontement guerrier mais sous celui d’une possible conversion. Cette évolution correspond à une véritable révolution intérieure des consciences dans l’esprit des chrétiens. Elle se prolongera après Saint Louis, expliquant pourquoi il sera le dernier roi à se croiser. La conversion de l’infidèle prime dorénavant
sur son asservissement, sur la conquête de ses terres, sur sa mise à mort.
Deux tentatives – quelques peu illusoires – illustrent ce nouveau mode d’approche de ceux qui vivent hors de la chrétienté.
Les Mongols
Une nouvelle espèce de païens apparaît au XIIIe siècle : les Mongols. Les hordes mongoles
se sont lancées à la conquête du monde. Elles ont conquis la Chine avant de s’attaquer au monde musulman, de traverser une partie de la Russie, d’arriver en Hongrie pour s’arrêter aux portes de Vienne. La chrétienté est terrifiée face à ses cavaliers présentés comme des cannibales sanguinaires, incarnant une possible fin du monde.
Tout d’abord, Louis IX est lui aussi pris de panique. Selon Matthieu de Paris, le roi déclara à Blanche de Castille, sa mère : « De deux choses l’une, s’ils arrivent jusqu’à nous ou bien nous les rejetterons dans leurs demeures tartaréennes, d’où ils sont sortis, ceux que nous appelons Tartares, ou bien c’est eux qui nous enverront tous au Paradis. » Par ailleurs, les Tartares (du nom de la prison située dans les Enfers grec) se révélèrent extrêmement tolérants en matière religieuses : rois, empereur et pape pensent alors que les Mongols pourraient être des alliés contre les musulmans et les prendre à revers. Louis IX envoie alors une mission dominicaine aux princes mongols puis une mission franciscaine.
Si les Mongols ne se convertirent pas au christianisme (la plupart se convertiront plutôt à l’islam), s’ils n’attaquèrent pas l’Europe, ce voyage initié par le roi de France conduisit en revanche Guillaume de Rubrouck à relater son périple dans – Voyage dans l’Empire mongol –. Malgré une importante ambassade, composée de vingt-quatre nobles tartares qui s’en vinrent saluer Louis IX à Paris en 1262, la France ne développa d’alliance particulière avec l’Empire mongol.
Le sultan de Tunis
Après l’échec de l’alliance mongole et alors que ces derniers viennent de conquérir la Syrie, la chrétienté s’émeut d’une possible conquête de la Terre sainte par ces nouveaux païens. Louis IX repart alors en croisade. Au lieu de débarquer en Terre sainte, la flotte du roi se dirige vers Tunis .Il semble que le roi ait espéré pouvoir convertir le sultan de Tunis à la foi chrétienne : de fait, l’émir de Tunis, qui avait pris le titre de commandeur des croyants sous le nom d’Al-Mustansir-Billâh, entretenait des rapports difficiles avec les mamelouks d’Égypte, redoubles combattants musulmans. Hélas, le sultan de Tunis resta sourd à toute conversion, voire même à une simple alliance.
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