Très curieusement, l'immense majorité des Parisiens ignore totalement que la Sainte Couronne d'épines du Christ, considérée comme la deuxième relique la plus importante de la chrétienté après le saint suaire de Turin, est présentée dans la cathédrale à la vénération des fidèles, une fois par mois.
Contrairement également à la croyance, la Sainte-Chapelle ne possède plus aucune relique : les autres reliques de la Passion du Christ (un clou ainsi qu'un fragment de la croix) sont également à Notre-Dame.
Chaque premier vendredi du mois, dans une atmosphère d'un recueillement exceptionnel, les chevaliers du Saint-Sépulcre ont la charge de protéger et montrer la Sainte Couronne à la foule des fidèles.
Si la majorité de l'assemblée est composée de touristes qui ne mesurent pas leur chance, la ferveur des rares Parisiens présents est impressionnante : au moment où vient leur tour d'embrasser la relique, il n'est pas rare de voir des larmes d'émotion couler sur leurs joues.
L’allusion faite à la Couronne d’épines et aux instruments de la Passion du Christ pendant les premiers siècles est déjà mentionnée dans les récits de pèlerins se rendant à Jérusalem au IVe siècle. En 409, Saint Paulin de Nole la mentionne parmi les reliques de la basilique du mont Sion à Jérusalem. En 570, Antoine le Martyr la trouve exposée à la vénération des fidèles dans la Basilique de Sion. Vers 575, Cassiodore, dans son Commentaire du Psaume LXXV, s’écrie : À Jérusalem est la Colonne, là est la Couronne d’épines ! En 870, c’est encore à Jérusalem que Bernard le Moine la signalera.
Transférées à Constantinople pour les mettre à l'abri des pillages de l'Empire perse, les reliques furent mises en gage en 1238 auprès des Vénitiens par l'empereur latin Baudouin II de Courtenay qui connaissait de graves difficultés financières. Le roi Louis IX (1126-1270) les leur racheta en août 1238 et fit construire un reliquaire à leur mesure : la Sainte-Chapelle (certains vitraux de la Chapelle relatent d'ailleurs cet événement). Après la révolution, les reliques furent confiées aux chanoines du chapitre Notre-Dame.
Au XIXe siècle, enfin, deux reliquaires furent réalisés pour abriter la sainte couronne, l'un commandité par Napoléon 1er et l'autre par Napoléon III. Ils sont vides mais restent visibles dans le trésor de la cathédrale (ouvert au public tous les jours de 9h à 18h sauf dimanche matin).
La Sainte Couronne est, sans doute, la plus précieuse et la plus vénérée des reliques conservées à Notre-Dame de Paris : elle est porteuse de plus de seize siècles de prière fervente de la Chrétienté. Elle est constituée d’un cercle de joncs réunis en faisceaux et retenus par des fils d’or, d’un diamètre de 21 centimètres, sur lequel se trouvaient les épines. Ces dernières ont été dispersées au cours des siècles par les dons effectués par les empereurs de Byzance et les rois de France. On en compte soixante-dix, de même nature, qui s’en affirment originaires. Depuis 1896, elle est conservée dans un tube de cristal et d’or, couvert d’une monture ajourée figurant une branche de zizyphus ou Spina Christi – arbuste qui a servi au couronnement d’épines. Ce reliquaire, offert par les fidèles du diocèse de Paris, est l’œuvre de l’orfèvre M. Poussielgue-Rusand (1861-1933) d’après les dessins de l’architecte J.-G. Astruc (1862-1950).
La vénération de ces reliques présentées aux fidèles a lieu chaque premier vendredi du mois
à 15h00, chaque vendredi de carême à 15h00 et le Vendredi Saint de 10h00 à 17h00.
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