Deux des meilleurs spécialistes de l'histoire des templiers, Simonetta Cerrini et Alain Demurger, sont ici réunis par Julien Théry (lui-même historien du procès qui mit fin à l'existence de l'ordre) pour aborder un sujet fascinant, source inépuisable de fantasmagories depuis des siècles.
La fondation de la « Chevalerie du Temple », fruit de la Croisade et des nécessités de la défense des Etats latins de Terre sainte contre les Sarrasins, constitua une vraie révolution au début du XIIe siècle. Jusque-là, en effet, il n'était pas imaginable que des vœux religieux soient compatibles avec l'exercice d'une activité guerrière (répandre le sang constituant une source majeure d'impureté).
La combinaison entre les deux grands idéaux du Moyen Âge, le service du Christ et la prouesse chevaleresque, assurèrent cependant très vite un très grand succès à l'ordre. L'afflux des donations lui permit de constituer un immense patrimoine foncier, dont les revenus servaient aux besoins de la guerre en Palestine, tandis que d'autres ordres religieux-militaires naissaient sur le même modèle (L'Hôpital de Saint-Jean de Jérusalem bientôt « militarisé », les Chevaliers teutoniques, et beaucoup d'autres moins connus).
L'engagement de la Chevalerie du Temple, cependant, ne suffit pas à enrayer la reconquête musulmane. Jérusalem fut perdue dès 1187 et la dernière place-forte chrétienne, Saint-Jean d'Acre, en 1291. L'ordre du Temple se replia dès lors à Chypre, d'où son état-major, autour du grand-maître Jacques de Molay, se mit à préparer de nouvelles offensives.
En 1307, les accusations d'hérésie lancées contre les templiers par le roi de France Philippe IV le Bel et l'arrestation-surprise de tous les membres de l'ordre présents dans son royaume ouvrirent une crise sans précédent dans les relations entre l'Eglise et la monarchie française. Le procès truqué qui s'ensuivit représente la première grande manipulation d'Etat dans l'histoire de l'Occident.
Montage Nathalie Heydel et Aurélien Laplace. Une émission de Julien Théry.