SAINT LOUIS ET SAINT-GERMAIN-EN-LAYE,

 

PORTRAITS DE FAMILLE

 

Du 10 avril au 28 JUILLET 2014

 

Chapelle du château de Saint-Germain-en-Laye

 

SAINT LOUIS ET SAINT-GERMAIN-EN-LAYE, PORTRAITS DE FAMILLE
SAINT LOUIS ET SAINT-GERMAIN-EN-LAYE, PORTRAITS DE FAMILLE

Cette exposition à caractère historique vise à proposer une interprétation nouvelle des sept têtes sculptées placées au moment de son achèvement, en 1238, comme clefs de voûtes de la chapelle. La famille de Louis IX est disposée, en portraits réalistes, par ordre de préséance face au roi.

 

Étudiées et publiées pour la première fois en 1903 par le conservateur du Musée des Antiquités nationales, Salomon Reinach, ces têtes ont alors été identifiées comme portraits de Louis IX et des membres de sa famille mais cette identification a été vite contestée.

 

Grâce à de nouvelles données historiques, la datation peut aujourd’hui être confirmée par la comparaison avec un autre portrait de la famille royale, daté aussi de 1238, mais resté méconnu jusqu’en 1989. Ce portrait fait partie de vitraux offerts par Louis IX pour les fenêtres hautes du chœur de la cathédrale de Châlons-en-Champagne.

 

Dans ces deux « galeries de famille », le roi et sa famille sont mis en scène dans une perspective dynastique. Ces représentations sont un moyen de proclamer la solidité du lignage et de la mettre sous la protection divine.

 

Cette chapelle est aussi la préfiguration, moins sous son aspect architectural ou stylistique que par ses motivations spirituelles et politiques, de la Sainte-Chapelle commandée en 1240 pour son palais parisien. La mise en scène dynastique de la famille royale n’y figure plus. En revanche, l’ostension des reliques, comme légitimation de la fonction royale et sacralisation de la dynastie capétienne, est réalisée à travers un édifice grandiose.

Une quinzaine de panneaux expliquant la vie de saint Louis, sa présence à Saint-Germain-en-Laye et l'historique du lieu sont répartis dans la chapelle.

 

Une vidéo réalisée à l'aide d'un drone par l’artiste Jérémie Lippmann, est diffusée en continu sur un écran, qui à notre sens est trop petit pour apprécier pleinement ces images surprenantes qui vous rapprochent au plus près des sept têtes de la famille de saint Louis.

Les 7 têtes sculptées de la famille royale placées au niveau des clés de voûtes.

LA PREMIÈRE RÉSIDENCE ROYALE DE SAINT-GERMAIN

 

Dès l'époque mérovingienne, un oratoire Saint-Gilles est attesté à l'emplacement de l'actuelle église paroissiale de Saint-Germain-en-Laye. C'est là que Robert le Pieux (996-1031) fonde au début du XIe siècle un prieuré dédié à saint Germain et saint Vincent. En 1122, Louis VI le Gros (1108-1137) décide d'édifier une résidence royale à proximité du prieuré et de la forêt giboyeuse de Laye. Mentionnée pour la première fois en 1124, cette résidence n'est pas fortifiée.

 

Sa fréquentation par le roi et sa cour, au même titre que Senlis et Orléans, témoigne de son importance, estimée par le nombre d'actes royaux qui y sont donnés. Il en est de même sous Philippe Auguste (1180-1223), où Saint-Germain égale en nombres d'actes Compiègne et Fontainebleau. C'est à cette époque que remonte la vaste cave voûtée en plein cintre d'un logis rectangulaire qui est conservé sous la cour du château actuel.

 

Sous saint Louis (1226-1270), qui reconstruit la chapelle de Philippe Auguste, Saint-Germain, de même que Vincennes, demeure la résidence privilégiée des Capétiens. Les vestiges conservés témoignent qu'à la fin du XIIIe siècle ou au début du XIVe siècle, peut-être sous le règne de Philippe le Bel (1285-1314), le logis est agrandi tandis qu'une tour, longtemps considérée à tort comme le "donjon" de Louis VI, est édifiée au nord-ouest.

 

Gérée par un "concierge", la résidence de Saint-Germain, qui dispose d'une adduction d'eau, est approvisionnée par un jardin et un potager, mais il n'y a ni vivier, ni pêcherie, à la différence de Vincennes et de Fontainebleau. Administrée par un "garde forestier", assisté de sergents, la forêt voisine comporte une garenne pour l'élevage des lapins et un parc clos pour l'élevage et la chasse du petit gibier. D'importantes chasses aux "bêtes fauves noires et rousses" (sangliers, cerfs, chevreuils et daims) se déroulent à l'automne, les souverains, tel saint Louis, pratiquant également volontiers la chasse au faucon et à l'épervier des oiseaux de rivière.

La chapelle vue de l'extérieur du château de Saint-Germain-en-Laye.
La chapelle vue de l'extérieur du château de Saint-Germain-en-Laye.
Cour du château - La chapelle est intégrée aux bâtiments du château en 1539.
Cour du château - La chapelle est intégrée aux bâtiments du château en 1539.

LA SAINTE-CHAPELLE : UN CHEF-D'ŒUVRE DU GOTHIQUE RAYONNANT

 

À partir de 1234, saint Louis fait édifier dans l'enceinte de sa résidence royale de Saint-Germain une chapelle dédiée à la Vierge, qui est consacrée en 1238. Ce remarquable monument, chef-d'œuvre du gothique rayonnant, est attribué à Pierre de Montreuil, architecte de la basilique de Saint-Denis et de la Sainte-Chapelle de Paris, érigée dans l'île de la Cité de 1241 à 1248.

 

C'est à Saint-Germain que le célèbre architecte aurait inventé les formules audacieuses appliquées ensuite à la Sainte-Chapelle de Paris, avec une nef unique à trois travées, longues de 24 mètres et large de 10 mètres, un chevet à cinq pans, de très hautes verrières découpant la quasi-totalité des murs, des contreforts extérieurs, enfin un toit couvert d'ardoises et doté d'une flèche. Les ogives de la voûte, haute de 12 mètres, retombent sur des faisceaux de colonnettes qui descendent jusqu'au sol, entre les baies. Le volume du monument est ainsi libéré de tout support intérieur, avec des fenêtres à sommet rectangulaire et non ogival, ce qui constitue une curiosité. En raison du percement des murs, on a eu recours à la technique de la "pierre armée", avec des éléments de métal intégrés aux maçonneries, afin d'assurer la stabilité de cette ossature de pierre étonnamment aérienne. Les clés de voûte, avec la représentation de la tête de saint Louis et de plusieurs membres de la famille royale (notamment sa mère Blanche de Castille et son épouse Marguerite de Provence), témoignent que cette chapelle était un lieu de commémoration dynastique.

 

C'est au château de Saint-Germain que saint Louis accueille en juin 1247 l'empereur latin Baudoin II de Constantinople. Par un acte authentique, celui-ci confirme la provenance des reliques de la Couronne d'épines du Christ, qu'il avait cédées au roi de France en 1239.

 

Jusqu'alors indépendante, la chapelle est intégrée aux bâtiments du château reconstruit par François 1er à partir de 1539. Il en résulte l'obturation de deux fenêtres de l'abside, puis de la grande rosace occidentale lors de la construction de la salle des fêtes, achevée sous Henri II (1547-1559). La chapelle, ornée sous Louis XIII de boiseries et de peintures de Simon Vouet, est privée en 1681 de sa toiture, lors de l'adjonction par Jules Hardouin-Mansart du pavillon sud-ouest du château qui cache désormais sa façade extérieure. Ses voûtes sont alors surmontées d'un étage, à usage de garde-meuble, avec un toit en terrasse. Les parties basses de la nef, très endommagées, sont restituées en style néogothique par l'architecte Eugène Millet à partir de 1874.

Grande rosace occidentale obstruée.
Grande rosace occidentale obstruée.
Deux fenêtres de l'abside sont également obstruées.
Deux fenêtres de l'abside sont également obstruées.

DE LA RÉSIDENCE ROYALE AU "CHASTEL" DE SAINT-GERMAIN

 

En 1346, la résidence royale et le village de Saint-Germain sont pillés et en partie incendiés par les Anglais. L'épisode se déroule en pleine guerre de Cent Ans, alors que, depuis dix ans, le roi d'Angleterre Edouard III revendique le trône de France. Son fils, le prince de Galles, surnommé le Prince Noir en raison de la couleur de son armure, dirige la chevauchée responsable de ces destructions, qui épargnent néanmoins la tour et la chapelle du château.

 

Dès 1351, le logis est cependant suffisamment en état pour que Jean le Bon puisse y résider.

D'importants travaux sont ensuite menés de 1367 à 1380 par Charles V. La résidence est alors fortifiée et devient un "chastel", avec une garnison de six hommes d'armes et six arbalétriers, dotés de 6000 flèches. L'enceinte, agrandie, comporte des tours et un chemin de ronde pourvu de mâchicoulis en pierre et d'archères, avec des fossés secs de 50 pieds de large (13m). Le plan curieusement pentagonal de cette enceinte est en fait la conséquence d'un tracé au plus court englobant les bâtiments de la résidence, la tour et la chapelle.

 

Bien qu'on ne dispose d'aucune description ni de représentation du château de Saint-Germain à cette époque, on peut cependant avoir une idée de son enceinte en évoquant les autres résidences que Charles V a fait construire ou transformer en Ile-de-France, tels le Louvre et Vincennes. Raymond du Temple, son architecte favori, œuvra-t-il aussi à Saint-Germain ? Rien ne permet de l'affirmer.

Cependant, les travaux engagés ici s'inscrivent nettement dans le contexte de la fièvre de construction qui, après l'Ile-de-France, gagna tout le royaume.

 

On sait que Charles V, qui possède au Louvre la deuxième bibliothèque de l'époque, après celle du pape (1200 volumes), installe, comme à Vincennes, une "estude" dans la tour résidentielle de  Saint-Germain. Érudit raffiné, il y conserve des joyaux, des objets d'art et des livres précieux, au nombre d'une centaine, comme en témoigne un inventaire daté de 1379. Les comptes de l'hôtel du Roi mentionnent encore les tapisseries qui ornaient les appartements du Roi et de la Reine, ainsi que les orgues de la chapelle. Le chauffage de la résidence royale, insuffisant, explique que Charles V devait tenir entre ses mains sa "pomme d'argent à chauffer mains en yver".

 

Texte de Marie Chominot.

 

Carte postale datée de 1904
Carte postale datée de 1904
Carte postale datée de 1904
Carte postale datée de 1904

 

Commissariat général

Hilaire Multon, Directeur du Musée d’Archéologie nationale

Domaine national de Saint-Germain-en-Laye.

 

Commissariat scientifique

Alain Villes, conservateur en chef au Musée d’Archéologie nationale.

Renseignements pratiques :

 

Cette exposition est en accès libre.

 

Musée d’Archéologie nationale – Domaine national de Saint-Germain-en-Laye

Château – Place Charles De Gaulle

78 100 Saint-Germain-en-Laye

Tél. 01 39 10 13 00

www.musee-archeologienationale.fr

 

Ouvert tous les jours, sauf le mardi, de 10h à 17h

Visite conférence sur réservation au 01 34 51 65 36

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