SAINT LOUIS À LA CONCIERGERIE

Du 8 octobre au 11 janvier 2015, en point d’orgue des manifestations organisées par le Centre des monuments nationaux autour du roi Louis IX à l’occasion du 8ème centenaire de sa naissance en 1214, une grande exposition « Saint Louis » est organisée à la Conciergerie, dans la salle des Gens d’armes.

Louis, devenu roi de France à 12 ans en 1226 sous le nom de Louis IX, connait un des règnes les plus longs et les plus marquants de la France médiévale. Roi et saint depuis sa canonisation, 27 ans seulement après sa mort, il devient aussitôt un modèle et une source de prestige pour le royaume et pour la dynastie capétienne. À travers cette exposition, le Centre des monuments nationaux s’interroge sur la figure même de saint Louis, dont nous n’avons souvent qu’une vision détournée par l’historiographie et les représentations tardives.

Une exposition en trois parties :

« Du saint à l’homme, parcours d’un mythe à rebours », « Du royaume terrestre à la Jérusalem terrestre » et « Le miroir du monde », elle aborde sous un angle nouveau ce roi au destin exceptionnel en questionnant les fondements du mythe qui l’entoure pour revenir à l’homme et comprendre ainsi la réalité de son voyage inachevé pour la quête de Jérusalem, dans lequel foi et pouvoir sont indissociablement liés. Elle développe enfin l’influence qu’a eue saint Louis dans le remarquable développement artistique de son époque.

Et où mieux comprendre Saint Louis et les enjeux de la France du XIII^e siècle qu’à la Conciergerie, résidence royale qu’il façonna et qu’il enrichit de son plus grand chef-d’œuvre, la Sainte-Chapelle ? L’ancien Palais de la Cité, agrandi et embelli par Saint Louis, deviendra ainsi, le temps de l’exposition, l’écrin de 130 œuvres remarquables, issues des collections des plus grandes institutions culturelles françaises et étrangères, témoignant de l'effervescence intellectuelle et de la grâce qui touchèrent les arts parisiens sous son règne.

Coffret dit de saint Louis. Limoges, 1234-1237. Cuivre champlevé, émaillé et doré, H. 0,14 ; L. 0,365; Pr. 0,19 m. Provient de l’abbaye Notre-Dame-du-Lys. Musée du Louvre. MS 253. © RMN-Grand Palais (musée du Louvre) / Daniel Arnaudet

Le commissariat de l’exposition est assuré par Pierre-Yves Le Pogam, conservateur en chef au musée du Louvre, département des Sculptures, assisté de Christine Vivet-Peclet, responsable de la documentation au département des Sculptures.

L’exposition bénéficie de la collaboration exceptionnelle du musée du Louvre et du concours exceptionnel de la Bibliothèque nationale de France.

La scénographie est assurée par l’Agence NC, Nathalie Crinière et Anne Lebas

Une visite de la Sainte-Chapelle complétera idéalement celle de l’exposition. Monument phare du règne de Saint Louis, elle a fait récemment l’objet de nombreuses recherches scientifiques qui sont révélées au travers de la projection d’extraits du documentaire « Saint Louis, à la lumière de la Sainte-Chapelle » produit pour l’occasion par Gédéon Programmes et diffusé le 12 octobre 2014 sur Arte.

Le parcours de l’exposition

Le parcours se décline en trois parties, elles-mêmes divisées en trois sous-parties :

DU SAINT À L’HOMME, PARCOURS D’UN MYTHE À REBOURS

Figures de saint Louis au XIX^e siècle - De l’homme au saint - L’homme dans son temps

Au XIXe siècle, l’image du roi connaît un véritable apogée, car elle peut exprimer aussi bien la ferveur monarchique que préfigurer des valeurs républicaines. Cette construction idéologique avait connu un autre moment fondateur en 1297, lors de la canonisation de Louis IX. Mais qu’en est-il de l’homme réel, mort en 1270 ? Heureusement, nombre de documents et d’œuvres d’art permettent de nous en approcher, en particulier dans le cadre de sa famille, où les femmes jouèrent un rôle notable.

DU ROYAUME TERRESTRE À LA JÉRUSALEM CÉLESTE

La construction du royaume - Jérusalem sur terre : la Sainte-Chapelle - La quête de Jérusalem

L’affirmation du pouvoir royal passe par une série d’actes ou d’images symboliques, certains déjà bien enracinés, comme le sacre, d’autres plus nouveaux, comme la démultiplication des effigies royales. Surtout, le rachat des reliques de la passion du Christ, en particulier la Couronne d’épines, confère au roi de France un rang prééminent. Louis IX construit un écrin somptueux autour de ces reliques, la Sainte-Chapelle, achevée en 1248, mais ce n’est pour lui qu’une étape. En effet, à peine l’édifice est-il achevé que le roi part en Orient pour tenter de délivrer Jérusalem.

LE MIROIR DU MONDE

Pensée scolastique et art gothique ? - Splendeur de l'art rayonnant -

Expressivité et dépouillement

Sous le règne de Louis IX, les arts connaissent une floraison remarquable, dans tout le royaume et spécialement à Paris. En quoi cet épanouissement est-il lié aux grands courants intellectuels, politiques et religieux du temps ? L’enseignement du dominicain Vincent de Beauvais exprime l’ambition encyclopédique du siècle. L’autre ordre mendiant, celui des franciscains, participe quant à lui à la redécouverte du monde réel. Mais le roi et sa cour ont bien sûr joué eux aussi un rôle dans les évolutions de l’art et de l’architecture gothique.

Des œuvres remarquables

Des œuvres rarement exposées

Tels les reliquaires de la Couronne d'épines et le reliquaire-chapelle de la Sainte Tunique du Trésor de la basilique Saint-François d’Assise. Le Reliquaire de Saint Louis de l'église Saint-Dominique de Bologne. La chemise et la discipline de Saint Louis conservées dans le Trésor de la cathédrale Notre-Dame de Paris et son cilice conservé dans la collégiale de Notre-Dame de Melun.

Le trésor de la Sainte-Chapelle

Constitué par Saint Louis et dispersé depuis le XVIII^e siècle, les chefs d’œuvre qui le composent le reconstituent partiellement : objets d'art, ivoires, manuscrits enluminés, évangéliaires aux reliures orfévrées et reliquaires précieux.

Une douzaine de panneaux de vitraux provenant de la Sainte-Chapelle : déposés lors de la restauration au XIXe siècle, ils sont pour la première fois montrés au public. Restaurés à l’occasion de l’exposition, ils permettent de découvrir de près le travail minutieux des maîtres-verriers et de comprendre les enjeux de leur conservation et restaurations.

Enseignements de saint Louis. Paris, vers 1330-1340. Parchemin, H. 0,265 ; L. 0,195m. Paris, Bibliothèque nationale de France. Ms fr 1136

Miroir historial, Saint Louis et sa petite fille Jeanne de Bourgogne. 1er volume, H. 0,40 ; L. 0,30m. Paris, vers 1332.

Bibliothèque nationale de France, ms fr. 316.

Grâce au partenariat du Centre des monuments nationaux avec l’Institut Passion for Innovation de Dassault Systèmes* et son expertise dans le domaine du patrimoine, les visiteurs pourront aussi voyager dans le temps grâce à une la reconstitution 3D qui redonne vie au palais de la Cité au XIVe siècle. Elle propose une expérience immersive inédite dans l’ensemble architectural de l’époque, incluant des monuments disparus comme la Galerie mercière ou la Salle sur l’eau et des monuments encore présents aujourd’hui comme la Sainte-Chapelle ou la Tour de l’Horloge. Cette expérience de réalité virtuelle sur bornes tactiles est disponible à partir du 8 octobre dans la chapelle basse de la Sainte-Chapelle.

*Depuis 2012, le projet Paris 3D Saga redonne vie aux bâtiments emblématiques de la capitale, disparus ou dont l’état a été modifié, de l’époque gauloise à aujourd’hui.

En 2014 et à l’occasion de la célébration du 800ème anniversaire de la naissance de Saint-Louis, l’Institut Passion for Innovation enrichit la collection de monuments en reconstituant le plateau du Palais de la Cité. Pour ce faire, il collabore avec Dany Sandron, médiéviste et professeur à l’Université Paris I et travaille à partir d’archives historiques et iconographiques. L’expérience 3D propose ainsi des reconstitutions plausibles des bâtiments tels qu’ils auraient été au XIVème siècle : la Tour de l’Horloge, la Galerie mercière, le Trésor des Chartes, etc. Deux éléments-clés de la Sainte-Chapelle sont aussi représentés pour la première fois : la flèche et la rose de la façade. Pour vivre cette expérience immersive, une borne interactive sera installée en exclusivité dans la Sainte-Chapelle à partir du 8 octobre 2014.